Fonds
Willie ou Billy (William) Eckstein (1888-1963) est né à Pointe-Saint-Charles le 6 décembre 1888. Ses parents, George Hugo Eckstein (1843-1824), Suédois d'origine, et Wilhelmina Hildebrant (1848-1913), de Prusse, immigrent au Canada en 1879. Le couple a eu 13 enfants, dont plusieurs sont décédés en bas âge. Willie Eckstein est le cadet de la famille. Très doué pour le piano, il donne des concerts devant public dès l'âge de quatre ans. Il reçoit une formation musicale classique, notamment avec Moretzky Upton, un professeur rattaché au conservatoire de l'Université McGill. On lui attribue rapidement le qualificatif d'enfant prodige en le surnommant « The Boy Paderewski », en référence au célèbre pianiste Ignace Paderewski.
Provenant d'une famille aux revenus modestes, il tente sa chance comme pianiste de variétés à Broadway. Par le biais de l'Orpheum Circuit, qui lui offre un emploi, il infiltre l'univers du vaudeville américain et entreprend diverses tournées à travers les États-Unis, le Canada et l'Europe entre l'âge de 12 et 18 ans. Willie côtoie alors des artistes comme Houdini, Nora Bayes et Jack Norworth, en plus d'être vu par les plus grands noms de la musique, dont Paderewski lui-même, Sergei Rachmaninoff, Joseph Hoffman et Vladimir de Pachmann. Les engagements du jeune pianiste varient : il se produit au Karn Hall de Montréal, à l'Exposition nationale canadienne de Toronto, ainsi qu'à la Maison-Blanche aux États-Unis, où il joue une pièce pour le président Theodore Roosevelt.
Après un séjour d'un an en Europe pour parfaire sa formation musicale, il revient à Montréal en 1906 où il amorce sa carrière d'accompagnateur de films muets, d'abord au Lyric Hall puis au Strand Theatre (coin Mansfield et Sainte-Catherine). On dit que « son interprétation est bien souvent plus populaire que le film même ». Celui que l'on surnomme « Mr. Fingers » accompagne des films tels que Birth of a Nation et Intolerance, pour lesquels il crée une atmosphère particulière qui attire les foules. Willie Eckstein travaille également à faire la démonstration de pianos pour la firme J. W. Shaw. En 1919, il accompagne le chanteur Gus Hill sur les ondes de la station radiophonique montréalaise XWA lors de la première émission réalisée en direct en Amérique du Nord.
La prohibition, qui entre en vigueur aux États-Unis à compter de 1920, incite plusieurs artistes new-yorkais à venir s'installer à Montréal, ce qui contribue au foisonnement musical de la ville et à l'apparition d'une multitude de cabarets et de salles de spectacles. Alors que le cinéma muet perd en popularité, Eckstein quitte le Strand Theatre en 1930 et travaille comme musicien dans plusieurs de ces salles, telles que le Piccadilly (coin Saint-Alexandre et Mayor), l'Outremont (coin Bernard et Champagneur), le Carioca (688, rue Sainte-Catherine Ouest) – dont Willie a été le gérant pendant un moment –, le Belmont (coin Mont-Royal et Saint-Laurent), l'Amherst (coin Sainte-Catherine et Amherst), le Rivoli (coin Saint-Denis et Bélanger), le Corona (coin Notre-Dame et Charlevoix), le Seville (coin Sainte-Catherine et Chomedey) et le Granada (coin Sainte-Catherine Est et Morgan).
Tout au long de sa carrière, Willie Eckstein s'investit principalement dans le ragtime et le « novelty piano », des mouvements rattachés à celui du jazz. L'auteur-compositeur travaille en collaboration avec diverses figures marquantes de la musique, tels Beatrice Lillie (Béatrice Little), Nora Bayes, Jack Norworth, Harry Thomas (Reginald Thomas), Robert Langlois et Vera Guilaroff. Il fait aussi partie de différentes formations musicales, comme l'Eckstein Jazz Band (Eckstein Jazz Orchestra), un des premiers groupes de jazz de Montréal, dirigé par son frère Jack Eckstein, violoniste, le William Eckstein Trio, un orchestre instrumental, ainsi que le Piano Ramblers, un duo composé du pianiste et de Vera Guilaroff. Willie Eckstein interprète et compose également plusieurs pièces musicales à saveur patriotique, entre autres à l'intention de la reine Elizabeth II, du gouverneur général Vincent Massey et du premier ministre John Diefenbaker. Il fait aussi plusieurs apparitions à la radio et à la télévision.
Au mois de mai 1963, les nombreux amis et admirateurs du musicien organisent une soirée en vue de commémorer sa longue carrière. Il y livrera sa dernière interprétation publique. Plus tard, cette même soirée, Willie Eckstein est victime d'un accident vasculaire cérébral qui l'emportera quatre mois plus tard, le 23 septembre. Le pianiste décède à l'âge de 74 ans, laissant dans le deuil son épouse Catherine « Kitty » Casey ([1896?]-1979), un frère, Jack, deux sœurs, Mme H. L. Scott de Toronto et Mme Charles Smith de Boston, ainsi que trois neveux, George W., Fred N. et John B. Eckstein, tous de Montréal.
Willie Eckstein a été intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2006.
Source : Bibliothèque et Archives Canada. Le Gramophone virtuel : Enregistrements Historiques Canadiens. Willie Eckstein, pianiste et compositeur (1888-1963), https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/films-videos-enregistrements-sonores/gramophone-virtuel/Pages/willie-eckstein-bio.aspx
Portée et Contenu
William Eckstein a été une figure marquante dans l'histoire culturelle de Montréal dans la première moitié du 20e siècle. Précurseur dans le domaine musical, c'était aussi un être marginal, rempli d'humour et doté d'une forte personnalité. Il a sans conteste largement influencé son époque.
Les documents conservés dans ce fonds nous permettent de retracer les activités professionnelles du pianiste, ses relations de travail, ses engagements et ses réalisations, mais aussi sa vie personnelle dans toute sa spécificité. On y trouve de la correspondance et des cartes de souhaits, deux gravures en relief, des certificats, une serviette de table, des images pieuses, des livrets de prières, des ententes et des contrats, des affiches, des pamphlets, des cartes professionnelles, une pochette de disque, un programme, des paroles de chansons, des partitions musicales et des ébauches, de nombreuses coupures de presse, deux dessins à la mine de plomb, 16 cartes humoristiques et érotiques, ainsi qu'un menu de restaurant annoté. Des accusés de réception et des lettres d'appréciation en provenance notamment du Consulat américain, du gouvernement canadien et du palais de Buckingham soulignent la notoriété de Willie Eckstein, qui dédia au cours de sa carrière plusieurs chansons au roi Georges V, au président Roosevelt, à sir Winston Churchill, ainsi qu'à la reine Elizabeth. Un portfolio offert en édition limitée, illustré des documents de reddition signés à Lüneburg, à Reims, à Berlin et à Tokyo à la fin de la Seconde Guerre mondiale, montre également le soutien du musicien à différentes causes, comme les campagnes d'emprunt de la Victoire du Canada. À cela s'ajoute le testament manuscrit de William Eckstein, daté de 1939, des documents produits à la suite du décès de ce dernier le 23 septembre 1963 – tels qu'une facture de soins médicaux, un certificat de crémation et un livre de condoléances –, des lettres, des factures et des reçus conservés par Kitty Eckstein au cours des années 1960 et 1970, et quatre spicilèges extrêmement riches en renseignements qui témoignent de la popularité et de la renommée précoce du pianiste. Trois de ces spicilèges portent essentiellement sur la vie professionnelle de Willie Eckstein, indiquant les différentes villes canadiennes et américaines dans lesquelles il s'est produit au cours de sa carrière, tandis que le quatrième est attribué à Charles Summers (ou Chas), membre de l'Eckstein Jazz Band et grand ami de Willie.
Le fonds contient également un lot de 29 négatifs et de 138 photographies argentiques de divers formats qui documentent pareillement la vie privée et professionnelle du pianiste sur une période allant essentiellement de 1940 à 1963. Certaines images se distinguent des autres, comme celles du défilé de l'armistice en 1918 au coin des rues University et Sherbrooke, de la sollicitation pour l'effort de guerre 1940-1945 et des pianos Quidoz Concert, une autre compagnie pour laquelle Willie Eckstein a travaillé comme représentant. On y trouve aussi des photographies de vedettes dédicacées et des instantanés montrant le musicien avec son épouse Kitty, ses amis ou son chien Casey.
Le fonds comprend les séries suivantes :
P767/A Vie personnelle, 1909-1977;
P767/B Vie professionnelle, 1877-1990, surtout 1900-1964;
P767/C Photographies, 1940-1963.
Plan de Classification
P767 Fonds Willie Eckstein
P767/A Vie personnelle
P767/A1 Willie
Eckstein
P767/A1,1
Correspondance
P767/A1,2
Souvenirs et notes
P767/A1,3
Documents religieux
P767/A1,4
Testament et documents funéraires
P767/A2 Kitty
Eckstein
P767/A2,1
Correspondance
P767/A2,2
Factures et comptes
P767/B Vie professionnelle
P767/B1 Ententes,
contrats et correspondance
P767/B1,1
Employeurs, diffuseurs et collaborateurs
P767/B1,2
Politiciens et famille royale
P767/B2 Programmes
de concert et publicités
P767/B3 Œuvres
musicales
P767/B3,1
Paroles de chanson
P767/B3,2
Partitions musicales
P767/B3,3
Ébauches
P767/B4 Influences
et répertoires musicaux
P767/B5 Spicilèges
P767/B6 Journaux et
coupures de presse
P767/C Photographies
Source du titre : Basé sur le créateur du fonds.
Dates de création : Plusieurs documents sont non datés.
Collation : Les documents iconographiques rassemblés dans ce fonds sont composés de deux gravures en relief, deux dessins à la mine de plomb, 16 cartes imprimées, 29 négatifs et 138 photographies argentiques de formats divers.
Source immédiate d'acquisition : Au décès de Willie, les documents rassemblés dans ce fonds ont été conservés par son épouse Catherine Casey « Kitty » Eckstein. Suite au décès de cette dernière en 1979, les documents sont passés aux mains de Paul Viau. En 2015, la succession de Monsieur Viau a offert ce précieux corpus au Musée McCord.
Langue des documents : Les documents sont en anglais, en français, en suédois et en arabe, mais surtout en anglais.
Dernière mise à jour : 29 mars 2019
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