Dossier
Ce dossier témoigne de l'amitié et de l'affection entre Louis-Antoine Dessaulles et Frances Louise, dite Fanny, Leman Dessaulles (1844-1914), par le biais de la correspondance envoyée par Louis-Antoine pendant plus de trente ans. Fille du Dr Dennis Leman et d'Agathe Honorine Papineau, Fanny épousera le frère de Louis-Antoine, Georges-Casimir, en février 1869 à Saint-Hyacinthe avec une « dispense du 2e au 3e degré de consanguinité ». Elle est donc la petite-cousine, puis la belle-sœur de Louis-Antoine, qui l'appelle par ailleurs souvent sa « nièce » et se qualifie de son « oncle ». Cela vient peut-être du fait que ce dernier a le même âge que la mère de Fanny, dont il avait d'ailleurs été le prétendant. Selon Yvan Lamonde (Louis-Antoine Dessaulles, 1818-1895 : un seigneur libéral et anticlérical, Fides, 1994, p. 176-177), il s'agit de l'une des seules correspondances révélant le visage intime de cette figure de proue du rougisme.
La correspondance conservée commence en 1864 alors que Fanny a environ 20 ans et Louis-Antoine, 46. La première partie de ces échanges, où les lettres de Dessaulles sont envoyées du Québec (le plus souvent de Montréal) se termine en mars 1874, un an avant son exil aux États-Unis puis en Europe. Après un hiatus de dix ans, les envois reprennent de Paris en septembre 1884 pour se poursuivre jusqu'au 2 avril 1895, quelques mois avant la mort de Dessaulles le 4 août 1895, à l'âge de 77 ans. Une lettre non datée, antérieure au décès de son épouse Catherine-Zéphirine en 1891 et peut-être à l'exil en Europe, conclut le dossier.
Les lettres du Québec renseignent sur la vie de la famille, les allées et venues des différents membres entre Montréal, Saint-Hyacinthe et la Petite-Nation, leur état de santé (notamment la maladie d'Émilie Mondelet, première épouse de Georges-Casimir), ainsi que les naissances, mariages et décès. Écrites sur un ton affectueux, complice et souvent moqueur, elles recèlent de nombreuses anecdotes plaisantes et réflexions personnelles, et même des recettes. Elles révèlent entre autres le point de vue de Dessaulles sur ses controverses avec le clergé, les procès qu'il subit et évoquent l'opprobre social qui résulte de ces luttes. Elles trahissent aussi le regard fréquemment condescendant de Dessaulles sur les femmes : ainsi, s'il sollicite et apprécie l'opinion de Fanny, il l'implore néanmoins de ne pas devenir un « bas-bleu », expression péjorative désignant à l'époque une femme s'intéressant aux choses de l'esprit. La correspondance renseigne également sur la vie sociale et culturelle montréalaise par l'évocation de mariages et surtout de bals, assortie de longs commentaires sur la tenue et la beauté des dames, mais aussi par la description d'une vague de vols et d'incendies en mars 1866 et de séances de spiritisme et de magie, dont une des frères Davenport, magiciens américains de passage dans la métropole en juin 1864.
Les lettres de Paris renseignent sur la vie de Dessaulles en France et en Europe, notamment ses déboires financiers et ses efforts en vue de se renflouer. Elles détaillent ses projets infructueux de commercialisation d'inventions, en plus de décrire ses visites dans les musées et les églises de Paris, ainsi que certains événements marquants comme les funérailles de Victor Hugo. La correspondance traduit l'isolement de Dessaulles dans l'exil, ses regrets et sa tristesse entre autres à la suite du décès de son épouse, mais aussi les liens maintenus à distance avec sa famille au Québec. Elle témoigne de plusieurs voyages de membres de la famille en France et des déplacements de Dessaulles en Europe (Angleterre, France, Suisse). Ce dernier y disserte également sur plusieurs sujets tels que l'évolution des espèces (18 décembre 1893, après une visite au British Museum) et les jésuites (avril 1894).
Langue des documents : Les documents sont en français.
Dernière mise à jour : 30 août 2017
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