Fonds
Lawrence Lazarus Sperber fut jadis l'un des représentants les plus en vue de l'industrie du vêtement à Montréal. Natif de Montréal, il travaille brièvement pour des manufacturiers locaux et fréquente l'Université McGill pendant un an avant de s'établir à New York où il étudie pendant six mois à la Women's Textile School, pour ensuite poursuivre sa formation avec Hattie Carnegie. Il travaille par la suite comme coupeur et patronnier pour des maisons de couture sur Seventh Avenue.
De retour à Montréal en 1933, Sperber ouvre une entreprise de fabrication, Sperber Bros. Ltd, au 1470, rue Peel, avec son frère aîné Sydney. Toujours en 1933, Lawrence épouse Gladys Epstein de Hamilton, en Ontario, dont la famille possède le grand magasin Freiman à Ottawa. Ce facteur contribuera au succès précoce de son entreprise et l'aidera à traverser les années difficiles de la Crise et de la Deuxième Guerre mondiale.
Sperber se spécialise avant tout dans la confection de robes. Pour sa collection d'automne en 1934, il dessine une série de robes du soir en velours garnies de fourrure. En 1936, il s'inspire du 19e siècle pour créer une collection de jupes à crinoline pour l'automne. Sperber se lance également dans les tenues sport et les « vêtements de ville décontractés » en 1938. Ayant commencé à exporter en Australie et en Afrique du Sud dès 1934, il ouvre un bureau à Londres en 1936, mais la guerre met un terme à ces activités. Il continue toutefois d'exporter sa marchandise aux États-Unis. En mai 1941, le magasin new-yorkais Lord & Taylor présente un pantailleur Sperber dans sa vitrine. En juin de la même année, Sperber entame une collaboration avec Nini Turcotte, une designer américaine née au Québec, avec qui il produit une ligne de « tenues de ville » composées d'un blazer décontracté et d'un pantalon à jambes larges confectionnés dans une rayonne de Courtauld.
La vaste gamme de prix de Sperber contribue à la prospérité de son entreprise et l'aide à faire face aux restrictions imposées par la Commission des prix et du commerce en temps de guerre du Canada. En juin 1942, il présente une collection de styles conçus pour répondre aux exigences de la Commission et met l'accent sur la durabilité de ses tissus.
En 1946, devenu président de sa propre entreprise, Lawrence Sperber Ltd., Lawrence commence à faire l'objet d'une plus grande attention médiatique. Membre du Montreal Fashion Institute, il organise un déjeuner de presse et un défilé deux fois par année dans le cadre des éditions de la Semaine de mode de Montréal. Grâce à la notoriété dont il jouit à l'international et à ses exportations, Sperber est considéré comme le designer qui a fait connaître au monde le Canada comme producteur de vêtements. Il s'autoproclame d'ailleurs comme le « plus grand designer de mode du Canada » dans plusieurs publicités. Il fait partie des designers présentés dans le film de 1946 de l'Office national du film du Canada, Création canadienne, et est le designer en vedette dans le film de 1952 intitulé C'est la mode!, deux films créés pour promouvoir l'industrie de la mode dans le Canada d'après-guerre.
Sperber profite par ailleurs de la publicité que lui apporte sa collaboration avec plusieurs fabricants de tissus. En mai 1946, il crée une robe dans un tissu imprimé de Bruck Silk Mills inspiré d'un motif réalisé par l'illustratrice de Toronto Alice Bradshaw pour la couverture du magazine Mayfair. Il conçoit également des robes dans le tissu « Ultra Violet » de Bruck pour la collection de maquillage éponyme de Revlon, ainsi que des vêtements qui paraissent dans des publicités pour les Celanese Designer Fabrics et les Celanese Creative Fabrics en 1946 et 1947. À l'automne 1947, Sperber dessine une ligne de robes arborant l'imprimé « Red Feather » de Bruck pour la compagne de bienfaisance de la Welfare Federation Community Chest, et à l'été 1948, une robe à imprimé « Maple Leaf » de Bruck pour la Foire commerciale de Toronto. Sa prédilection pour les tissus de fantaisie se remarque aussi dans sa collection de l'automne 1940, dont un des tissus porte le nom de « Canada Goose », et dans sa ligne de l'automne 1951 mettant en vedette des tissus à imprimés de journaux.
En 1947, une robe Lawrence Sperber est annoncée dans le Vogue. Une collection de ses robes en vente aux Galeries Lafayette de Londres s'envole en une journée. Sperber est le seul designer canadien à participer à la Foire commerciale internationale de Casablanca. Si au départ, il n'aime pas le style « new look » de 1947 parce qu'une plus grande quantité de tissu est nécessaire pour fabriquer une robe, Sperber conçoit néanmoins des vêtements de poupée « new look » pour la vitrine d'un grand magasin à l'automne 1948.
En 1949, il participe à un défilé de mode entièrement canadien au Club France Amérique à Paris et à la Pacific National Exhibition à Vancouver. Au printemps de l'année 1950, Sperber vend des robes chez Blum's sur Madison Avenue à New York. Il dessine un tailleur cocktail noir pour l'actrice britannique Nadia Gray et une gamme de vêtements pour un événement faisant la promotion de la laine à Mexico. En novembre 1951, Sperber acquiert les droits de licence afin de produire des vêtements à manche Kymont, un modèle de manche à soufflet breveté par Nini Turcotte et son mari. Il accorde la licence de la manche à d'autres entreprises qui fabriquent des vêtements à bas prix pour homme, femme et enfant.
Sperber associe également son nom aux produits d'autres manufacturiers. On le cite dans des annonces publicitaires pour le modèle de corset Nu-Back de la Dominion Corset en 1949, pour les bas de nylon Mercury Dark-Seam Nylons en 1950, et pour la gaine Playtex Fabric-Lined Girdle en 1952. Une robe Sperber paraît également dans des publicités pour les brosses à dents Rubberset.
À la fin de l'année 1953, Sperber ferme son usine de fabrication de robes et ouvre au 1442, rue de la Montagne, à Montréal, une boutique qu'il exploitera jusqu'en 1976, une année marquée par le décès de son épouse et par la destruction de la boutique à la suite d'un incendie. Dans les années 1980 et 1990, il partage son temps entre Montréal et Palm Beach, en Floride, profitant de la retraite pour pratiquer la sculpture.
Tiré de :
Cynthia Cooper, « Lawrence Sperber », dans EncycloModeQC, 2019, https://encyclomodeqc.musee-mccord.qc.ca/fr/fiche/lawrence-sperber/
Portée et Contenu
Ce fonds porte sur les activités professionnelles du designer de mode Lawrence Sperber (1905-1996) entre 1926 et 1976. Il informe sur les entreprises du créateur à Montréal, où il est basé pendant la majorité de sa carrière, sur son statut au Canada et sur son rayonnement à l'international. Il rassemble de précieuses sources textuelles et visuelles portant sur la mode pendant la période de l'après-guerre au Canada.
On y trouve des procès-verbaux, du papier à en-tête de la compagnie Lawrence Sperber Limited et des documents liés à la mise en marché des créations du designer, tels qu'un script radiophonique datant de 1950 et différentes publicités. Le fonds contient également une esquisse à la gouache d'une page couverture du magazine Mayfair ainsi que des documents comptables et financiers, dont un livret de cotisations syndicales. Des journaux mentionnant Sperber ainsi que des livres et des périodiques liés au milieu de la mode font aussi partie du fonds.
Quatre spicilèges reflètent par ailleurs le travail de Lawrence Sperber entre 1934 et 1953. Ils illustrent notamment la notoriété du designer dans l'après-guerre et comprennent de nombreuses coupures de presse ainsi que des photographies de mode des habits réalisés par Sperber et des images de ses produits en vitrine. Des articles de journaux, rassemblés par une agence de presse, informent sur les caractéristiques de ses robes, sur ses distributeurs, sur son processus créatif et sur les événements auxquels il participe.
Aux documents textuels s'ajoutent huit photographies, dont cinq sur lesquelles figure Lawrence Sperber. Ces images témoignent des premiers envois par avion, vers Londres et New York, de vêtements créés par Sperber. Elles montrent également le designer entouré de personnalités de marque, telles que la comtesse Mountbatten (Edwina Mountbatten) et la journaliste Kate Aitken lors d'événements mondains à Montréal en 1949.
Plan de Classification
P753 Sperber, Lawrence
P753/A Procès-verbaux,1933
P753/B Documents de communication,
1947-[ca 1976]
P753/C Documents comptables et
financiers, 1926-1976
P753/D Coupures de presse, 1947-1952
P753/E Livres et périodiques,
1940-1950
P753/F Spicilèges, [19-?]
P753/G Photographies, 1947-1949
Source du titre propre : Basé sur le créateur du fonds.
Collation : Les documents iconographiques comprennent une esquisse à la gouache et huit photographies.
État de conservation : Une page de magazine portant le titre « Dress of the Month » a été plastifiée.
Source immédiate d’acquisition : Le fonds a été offert au Musée McCord en 2012 par le professeur Murray Sperber, fils de Lawrence Sperber.
Langue des documents : Les documents sont en anglais et en français, mais surtout en anglais.
Instruments de recherche : Un inventaire des documents rassemblés dans les spicilèges est disponible.
Groupes de documents reliés : Le Musée McCord conserve plusieurs groupes de documents reliés à la mode, comme la collection Marie-Paule Nolin (C726), le fonds Jean-Claude Poitras (P689), le fonds Betty Guernsey (P349), le fonds Jacqueline Levasseur Simard (P159) et la collection Mode, textiles et vêtements (C609).
Note générale : Une robe (M2003.144.1.1-2) portant l’étiquette de Lawrence Sperber est conservée dans la collection Costume, mode et textiles du Musée McCord.
Dernière modification : 23 juillet 2019
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