Fonds
La Women's Art Society of Montreal (WASM) est fondée en 1894 à titre de succursale montréalaise de la Women's Art Association of Canada (WAAC), elle-même incorporée en 1892 et établie à Toronto. Cette branche montréalaise de la WAAC est fondée par Mmes James H. Peck (née Mary Alice Skelton) et Mary Martha (May) Phillips, et a pour objectif d'intégrer les femmes au monde des arts et de leur permettre d'en faire une profession, à une époque où les femmes ont rarement l'occasion de s'accomplir en dehors de l'univers domestique. Elle met à la disposition des femmes artistes, professionnelles ou non, un local de réunion et un atelier qui deviennent des lieux de production et d'échanges d'idées.
Les fondatrices de l'association sont des figures marquantes du milieu des arts et de l'artisanat montréalais au tournant du 20e siècle. Mme James H. Peck, dont l'expertise en matière d'artisanat est largement reconnue, est la première présidente de la succursale montréalaise de la WAAC. Elle occupe ce poste de 1894 à 1896. Peintre de talent et professeure, Mary Martha Phillips est notamment directrice de la School of Art and Applied Design au milieu des années 1890. Elle succède à Peck au poste de présidente de la branche montréalaise de la WAAC, jusqu'en 1906. Elle est également la première directrice de la Canadian Handicrafts Guild, aujourd'hui La Guilde canadienne des métiers d'art, de 1905 à 1908.
À la fin de sa première année d'existence, la succursale montréalaise de la WAAC compte environ 200 membres. L'association offre entre autres des cours de croquis en atelier, des séances de lecture et des causeries portant sur des sujets variés, des conférences prononcées par d'éminents orateurs comme l'artiste William Brymer et l'architecte Percy Nobbs, ou encore des concours de croquis et de motifs pour différents produits. Des expositions annuelles sont organisées à Montréal et certaines œuvres sont présentées dans d'autres succursales de la WAAC.
En 1900, la succursale montréalaise de la WAAC lance le mouvement des métiers d'art qui vise à stimuler, à préserver et à perpétuer les métiers d'art chez les Canadiens de naissance et les immigrants. Ce mouvement a également pour objectif de favoriser l'essor des industries domestiques et de promouvoir l'unité du pays. En 1902, année où se tient une Exposition des arts domestiques consacrée à des œuvres réalisées par des Canadien.ne.s, un comité spécial est formé afin de prendre en charge les expositions locales et itinérantes, ainsi que l'atelier intitulé « Our Handicrafts Shop ». En 1904, cependant, bien qu'elle continue à porter un intérêt bienveillant à l'égard du mouvement, l'association doit cesser d'en assumer la responsabilité financière, qui est de plus en plus lourde du fait de sa croissance rapide. La Canadian Handicrafts Guild, un organisme sans but lucratif fondé en 1905, perpétue le mouvement selon les mêmes principes philanthropiques.
En 1907 la succursale montréalaise de la WAAC se dissocie de l'organisation mère, à la suite d'un différend au sujet d'une nouvelle charte en vertu de laquelle l'association basée à Toronto aurait un plus grand contrôle sur les finances de la branche montréalaise. Une association indépendante est alors créée, la Women's Art Society of Montreal (WASM). La WASM conserve les mêmes objectifs, les mêmes caractéristiques et les mêmes programmes qu'auparavant.
C'est au cours des années suivantes que la WASM atteint un sommet de popularité. En 1910, le groupe de céramique (« Keramic Department ») est formé et se consacre à l'enseignement de l'art de décorer la porcelaine. L'association développe également des activités centrées sur les arts littéraires et dramatiques, tout en maintenant sa production en atelier. Quant aux conférences qui y sont présentées, elles couvrent une variété de thèmes, notamment l'architecture, la peinture, la sculpture, la gravure, l'orfèvrerie, la céramique, la littérature et les voyages.
Au cours de la Première Guerre mondiale, la WASM soutient l'effort de guerre, notamment en mettant sur pied le « Home Relief Fund ». Celui-ci deviendra plus tard le « Artists' War Fund », offrant de l'aide aux artistes et musiciens montréalais dans le besoin. Après la guerre, l'œuvre philanthropique de la WASM se poursuit par la mise sur pied du « Soldiers' Fund », qui offre de l'assistance aux vétérans invalides. L'œuvre de Mme James H. Peck, qui contribue entre autres à l'instauration de l'enseignement des métiers d'art aux vétérans, joue un rôle déterminant dans le développement de la thérapie occupationnelle à Montréal. La WASM entretient également des rapports étroits avec des organisations telles que la Montreal Children's Library (à laquelle elle accorde des bourses) et le Montreal Council of Women.
Pendant la période suivant la Grande Guerre, l'association étend graduellement ses activités à d'autres formes d'art, tout en maintenant les objectifs de promotion des arts littéraires, musicaux et visuels sur lesquels elle est fondée. Un groupe d'art dramatique est formé dans les années 1920 et des récitals de musique mettant en scène de jeunes artistes montréalais sont organisés. Mme W. D. Lighthall, présidente de la WASM de 1921 à 1924, recentre toutefois les intérêts de l'association sur les activités de l'atelier. En plus de participer aux expositions annuelles de l'association, les membres exposent leurs œuvres dans d'autres expositions montréalaises.
L'association s'engage également à promouvoir la paix, au moyen d'un concours national du meilleur poème sur la paix, tenu lors de la saison 1930-1931 et à la suite duquel sont publiées les œuvres jugées les plus intéressantes. On instaure également la Journée annuelle des membres, durant laquelle les membres présentent des œuvres artistiques et littéraires originales.
Le 11 avril 1968, l'association est incorporée sous l'autorité du Lieutenant-gouverneur du Québec. Au cours de la décennie 1970, sa programmation doit s'adapter à une fluctuation de sa popularité et de son membership, laquelle est attribuée à une transformation de la culture montréalaise. Les activités sont toujours centrées sur le groupe de création littéraire et le groupe de travail en atelier, alors que l'exposition annuelle s'avère un événement social et culturel phare dans la programmation de la WASM.
En 1981, la WASM se soumet à la Loi 101 et adopte officiellement un nom français, l'Association culturelle des femmes de Montréal. Elle demeure toutefois une organisation essentiellement anglophone. À partir de la fin des années 1990, les hommes sont admis parmi ses membres. L'association comprend alors les groupes de travail en atelier, de création littéraire et de connaissance des arts. En mai 2021, l'organisation regroupait plus de 250 membres, dont une vaste majorité d'artistes professionnelles de tous les milieux artistiques : arts visuels, arts de la scène, littérature, art culinaire, architecture et design de mode.
Portée et Contenu
Le fonds témoigne de la fondation de la succursale montréalaise de la Women's Art Association of Canada (WAAC), des principes, orientations et objectifs qui en ont motivé l'existence. Il fournit aussi des informations sur les relations de cette branche montréalaise avec l'organisation mère (WAAC), en particulier sur les motifs de la scission ayant mené à la formation de la Women's Art Society of Montreal (WASM). Le rôle de l'association dans la formation de la Canadian Handicrafts Guild y est également documenté. Les informations sur la structure administrative et les principales activités ponctuant l'administration, la gestion financière et la prise de décision au sein de l'association y sont abondantes et couvrent toute sa période d'existence.
Le fonds renseigne également sur l'adhésion des membres à l'association et sur les services et les célébrations qui leur sont réservés.
Il témoigne en outre des orientations culturelles et artistiques de l'association et de leur transformation au fil du temps, notamment à travers la programmation et le déroulement des activités culturelles et artistiques. Il porte enfin sur les relations qu'entretenait l'association avec les médias, avec ses membres, avec des organismes externes et avec le public.
Le fonds contient des documents constitutifs et des textes historiques, de même que de nombreux procès-verbaux et rapports administratifs permettant de mieux comprendre la structure et la gestion administratives de l'association. Les documents de gestion financière, sous la forme principalement de registres comptables, de registres de cotisations et d'états financiers, témoignent des sources de financement de l'association et de sa situation financière générale à travers le temps.
De plus, on y trouve des listes de membres, de livres et d'usagers de la bibliothèque, ainsi que des documents portant sur les célébrations annuelles. Les activités artistiques de l'association sont documentées à travers des programmes officiels et des documents textuels et photographiques rattachés aux expositions, mais également aux travaux du groupe de travail en atelier et du groupe de création littéraire. Des spicilèges contenant des coupures de journaux, des photographies et des lettres forment l'essentiel des dossiers témoignant des activités de communication de l'association.
Le fonds est classé selon les séries suivantes :
P125/A Administration et affaires juridiques
P125/B Gestion financière
P125/C Membership et services aux membres
P125/D Activités artistiques
P125/E Communications et relations publiques
P125/F Photographies
Plan de Classification
P125 Women's Art Society of Montreal
P125/A Gestion administrative
P125/A1 Constitution
P125/A2 Histoire
P125/A2,1 Historique
créé par les membres
P125/A3 Comités et
bilans
P125/A3.1 Women’s Art Association of Canada (WAAC)
P125/A3.2 Women’s Art Society of Montreal (WASM)
P125/A4 Women’s Art
Association of Canada (WAAC) et Canadian Handicrafts Guild (CHG)
P125/A5 Affaires
juridiques
P125/A6 Documentation
administrative du premier vice-président
P125/B Gestion financière
P125/B1 Comptabilité
P125/B1.1 Registres comptables
P125/B1.2 Revenus et dépenses
P125/B2 États financiers
P125/C Membership et services aux membres
P125/C1 Membership
P125/C2 Bibliothèque
P125/C3 Célébrations
P125/C3,1 Member’s Day
P125/C3,2 Dîner annuel
P125/C3,3 New Members Luncheon
P125/D Activités artistiques
P125/D1 Women’s Art
Association of Canada (WAAC)
P125/D1,1 Programmation
P125/D1,2 Expositions
P125/D1,3 Correspondance
P125/D2 Women’s Art
Society of Montreal (WASM)
P125/D2,1 Programmation
P125/D2,2 Expositions
P125/D2,3 Groupe de travail en atelier
P125/D2,4 Groupe de création littéraire
P125/D2,5 Lectures
P125/D2,6 Œuvres des membres
P125/D2,7 Événements divers
P125/E Communications
P125/E1 Diffusion par
les médias
P125/E2 Correspondance
de gens célèbres
P125/E2,1 Women’s Art Association of Canada (WAAC)
P125/E2,2 Women’s Art Society of Montreal (WASM)
P125/E3 Correspondance
générale
P125/E4 Hommages
P125/E5 Pétition
P125/F Photographies
Source du titre propre : Basé sur le créateur du fonds.
Langue des documents : Les documents sont en anglais et en français, mais majoritairement en anglais.
Documents connexes : Le fonds R8304-Sarah Gersovitz, conservé à Bibliothèque et Archives Canada (BAC), contient un dossier portant sur la WASM.
Groupes de documents reliés : Les fonds Familles Armstrong-Deligny-Phillips (P009) et Mary Alice Skelton Peck (P543) conservés au Musée McCord Stewart contiennent des documents portant sur les deux membres fondateurs de la succursale montréalaise de la WAAC.
Note générale : Deux ouvrages relatent l’histoire de l’association : L’Association culturelle des femmes de Montréal : un siècle d’engagement envers les arts, écrit par Elaine Holowach-Amiot et publié par le Musée McCord en 1994; et The Women's Art Society of Montreal and its place in history, 1894-2019, par Cathy Keays, paru en 2019.
Dernière modification : 23 juillet 2019
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